Sur un autre sujet :
Citation :
Idf qui dès qu'on touche à sa base de règles perso, à l'impression qu'on lui plante un couteau dans ses souvenirs heureux
Je n'ai pas eu envie de répondre sur le moment et de continuer ce genre de discussion mais ça m'est revenu et je me suis demandé pourquoi ça me touchait peut être plus que d'autres.
Comme il est tard, tout le monde est couché à la maison, un vent léger et frais s'infiltre par la fenêtre, les suites pour violoncelles de Bach par Queyras résonnent comme dans une église, je me sens d'humeur philosophe.
Allons-y.
Lieu : France mais à priori le monde entier
Temps : Aujourd'hui mais aussi loin que mes souvenirs me le rappellent
Action : Il est de bon ton de dénigrer la société de consommation dans laquelle on vit ... tout en regardant la dernière série télé sur l'écran 120 cm, les doigts sur son smartphone. On privilégie le jetable, on se lasse vite, on cherche la nouveauté à tout prix, la facilité, le futile règne. L'effort, le travail est moins valorisé que le bon mot, le brillant. Le chemin moins que le but.
Mais de quoi il nous parle lui ?
J'y viens.
Je pense avoir combattu ce mode de vie, à ma petite échelle, et il se trouve que Peasant Magic est un acte militant en ce sens.
Je suis aussi un joueur de jeux de société (certains se rappeleront mes tentatives infructueuses d'organiser des tournois en parallèle de Peasant) et Magic surclasse la plupart en terme de richesse et de diversité mais alors qu'on achète ailleurs un produit fini fabriqué par de petites équipes de passionés, Magic a fait rentrer le jeu dans ce que la société de consommation a de plus détestable.
- Les éditions se succèdent habituant le consojoueur à une fuite sans fin.
- La rareté a érigé de façon flagrante l'argent en pouvoir, les mythiques ayant atteint le summum du vice.
- La création complètement artificielle de la rareté alors que la valorisation de la rareté est justement le coeur du capitalisme, du mode de redistribution des richesses et de l'exclusion. Cela ne coute évidemment pas plus cher de fabriquer une rare qu'une commune.
- Le rapport infantilisant au booster, son ouverture le coeur battant tel un enfant de 6 ans devant son panini. Eh j'ai juste envie de jouer pas de remplir mon album de foot.
- Les rapports entre joueurs sont pourris par les échanges où chacun essaie de maximiser son gain (rhétorique économique) en arnaquant l'autre (rhétorique usuelle).
- Le discours officiel de Wizards (sur les proxies par exemple), relayé par les arbitres (avec intérêt financier) est assimilé par les joueurs qui s'en font les plus ardents défenseurs alors qu'ils en sont les victimes. J'ai toujours été sidéré de voir la réprobation dans les yeux de mes adversaires parce que je n'avais pas dépensé les euros me donnant le droit de jouer la carte que j'avais scanné. La possession devenant plus importante que la maîtrise du jeu.
Donc oui, Peasant combattait tout cela :
- la fuite en avant avec un format durable (adopté, ça remplacera dorénavant eternal)
- la course à la puissance par le portefeuille
- pas d'échange
- abordable, que même au RSA tu peux t'acheter un jeu (quand tu commences à te préoccuper davantage des frais de port que du coût des cartes tu as fait du chemin)
- parce que le plaisir d'avoir des vraies cartes plutôt que des photocopies ne te coutera pas un rein mais qu'en plus, il est fortemment conseillé d'autoriser les photocopies.
Peasant a été importé en réaction à Wizards.
Donc, oui, malgré ce que certains pensent, Peasant a une histoire, une philosophie, un but.
Quand je vendais Peasant, c'était aussi pour montrer qu'on peut vivre différemment !
Vous comprendrez peut-être mieux ma réaction :
- quand on autorise des cartes hors de prix (Ali from Cairo, Juzam Djinn)
- quand on plie les règles à la politique commerciale de Wizards (les decks préconstruits où figurent les "cartes qu'on ne trouvera que là alors il faut m'acheter"). Une commune, c'est comme le disait le créateur, une carte que tu as à par dizaine dans tes boîtes à chaussures, pas la couleur du symbole d'une extension.
- quand on change des règles vieilles comme moi (Shaman commune)
- quand on veut se plier à ce que Wizards a fait sans, évidemment, avoir connaissance des implications que cela aurait sur le Peasant (Gatherer)
- quand on enlève toute référence aux prix des cartes dans les règles (cartes bannies à cause de leur prix)
PS dans la même logique :
Certains demandent des bans mais ne cherchent pas à trouver la solution par eux même (valorisation du résultat pas des efforts pour l'atteindre)
Certains scrutent la moindre nouvelle sur la dernière extension mais n'ont jamais été relire les cartes de Carnage par exemple (réflexe du consojoueur)
Bon quand je relirais cela demain, je me demanderais surement ce qui m'a pris ...